Glossop, 2012 |
Le courage pour vous tous, courage de toutes les heures,
c’est de supporter sans fléchir les épreuves de tout ordre, physiques et
morales, que prodigue la vie. Le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au
hasard des impressions et des forces ; c’est de garder dans les lassitudes
inévitables l’habitude du travail et de l’action. Le courage dans le désordre
infini de la vie qui nous sollicite de toutes parts, c’est de choisir un métier
et de le bien faire, quel qu’il soit ; c’est de ne pas se rebuter du détail
minutieux ou monotone ; (…) Le courage, c’est d’être tout ensemble, et quel que
soit le métier, un praticien et un philosophe. Le courage, c’est de comprendre
sa propre vie, de la préciser, de l’approfondir, de l’établir et de la
coordonner cependant à la vie générale. Le courage, c’est de surveiller
exactement sa machine à filer ou à tisser, pour qu’aucun fil ne se casse, et de
préparer cependant un ordre social plus vaste et plus fraternel (…) Le courage,
c’est de dominer ses propres fautes, d’en souffrir mais de n’en pas être accablé
et de continuer son chemin. Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la
mort d’un regard tranquille ; c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel
; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense
réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense.
Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire.
Discours Jean Jaurès, Albi 30 Juillet 1903.