Saturday, May 23, 2009

World View...













La relation à notre propre mort oscille au long cours de notre existence comme le balancier d’un métronome fixé à son socle, aussi puissamment qu’est ancré en nous l’instinct de vie.

Et la mort a soufflé. Bien des fois. Laissant à chaque fois, l’empreinte d’un outil invisible qui sculpte l’âme en devenir. Mon âme. Et comment ne pas voir dans la mort, l’inévitable couperet d’une machine manichéenne qui décide l’avec ou sans souffrance, le juste ou l’injuste, accompagné ou seul, aimé ou haït. Car c’est soi même qu’on regarde quand ce vent là souffle et fige les visages.

Au fil de ma vie, je crois avoir touché de prêt ou de plus loin l’ensemble de ces paradigmes et des souffrances ou des joies qu’elle véhicule. Je le croyais.

Un après midi, au hasard d’une déambulation dans les délires rocheux du Parc National de Matopos décidée en hâte pour jouir d’une clarté solaire opportune, le souffle de Cécile John Rhodes illumina mon âme. La vie de cet homme fut pétrie d’histoires et d’aventures. Il marqua de son empreinte une conquête africaine d’un autre temps, d’un autre âge, espéré apaisé. Je laisse aux historiens le travail d’analyse du temps, de l’homme et de ses compagnons d’infortune ou de félicité. Et je n’entrerai pas plus sur le terrain du mérite, ou pas, d’avoir obtenu un jour l’hébergement sur un des toits les plus somptueux de ce monde.


Car c’est ici que ce propos me porte. J’avais bien au fil de mes pérégrinations aboutit subrepticement à des sépultures perdues au bout de chemins poussiéreux ou connus pas les échos d’une renommée locale.


Comme ces mots intrigants de l’équipage du Jacquiet, gravés sur la roche d’une grotte au fin fons de la baie d’Along. Ou bien cette impression qu’à lui seul le désert des confins d’Atar ne suffirait pas à offrir à Monod une sépulture à la taille de son insatiable passion.


L’Océan Atlantique n’accueillit-il pas Colas et Tabarly?


Certains se voient récompenser d’un séjour éternel à l’auberge posthume d’un Panthéon national. D’autres ne lèguent pour trace sur terre qu’un enclos perdu dans l’amnésie collective ou suspendu à une passion d’initiés et de familiers.


Mais combien sont eux dont la folie amoureuse, fraternelle ou amicale ont motivé les esprit et dépassée les corps pour aller donner à l’être cher l’ultime repos d’un écrin inaccessible? Et c’est presque une envie que je ressens, une jalousie que je repousse tant cette circonférence de paysages du parc de Matopos, offre l’absolu d’une nature éternelle. Ces immenses blocs de pierre, posés comme un jeu de boules ou de quilles par la main d’un géant sorti tout droit d’une légende Ndébélée, baignés d’une lumière adoucie par une déclinaison grandissante, marquent les colonnes d’un temple imaginé car impossible à construire.


C’est juste à cette sérénité qu’ici bas on aspire. Comment ne pourrait-on pas initier un pardon en descendant de cette colline afin de rendre à chacun la liberté de son lien identitaire?


Et comment ne pas faire silence.


Amitiés


Fin du 6éme mois au Zimbabwe.