Saturday, August 25, 2007

4°22'14.35'' N - 7°43'37.44'' W

Même si l’isolement peut être ressenti, parfois et pour certains, comme effrayant, il devient un compagnon la solitude une fois adoptée. Et j’aime à savoir que ce semblant de certitude est calmement engrangé dans les greniers de ma sérénité. Seul au milieu de toutes celles et ceux qui le sont également. Seul comme qui regarde l’être, jadis aimé, dormir. Seul comme qui sent monter un sanglot en marchant sur un parvis venté, un matin d’hivers. Seul comme le pêcheur en mer, la nuit tombée. Seul comme qui sait que les êtres aimés sont et seront là à chacun de ses départs ou de ses retours. Seul comme qui n’est plus otage que de sa vie, de son plaisir, libre. Seul comme celui qui vole dans un petit monomoteur incertain, au dessus d’une forêt tropicale, berceau du monde, sublime. Seuls, ensemble. Et pour reprendre un thème récemment emporté au firmament d’une nudité de circonstance, la peur de la pensée des autres désormais pour moi s’estompe. Comme s’éloignent vers l’horizon certaines des peurs naturellement germées au fil de ma vie, la solitude.

Alors, rien n’oppose plus la liberté et la solitude. L’Afghanistan a inscrit sur les tables de mon existence, certains des plus beaux moments de solitude, ceux que l’on ressent, infiniment seul, qu’on inscrit sur la pellicule immatérielle de sa mémoire tout en sachant qu’aucun cliché jamais n’en sortira. Un échange de regards humains avec celui qui libre ne l’est plus, émergé d’une intimité simple, offerte de part et d’autre. Une bouffée d’air prise au vent des falaises de Bandar-I-Amir. Une accolade avec celui qui vous voit partir, endolori d’une insupportable tristesse.

Ce métier, dans sa rythmique, emporte avec lui un sentiment constant de frustration. Courir le globe, avec chaque année ce luxueux défi de repartir à zéro. Tout en sachant que ceux et celles qui auront fait de ce temps précieux un trésor inestimable, seront laissés face à leur solitude, eux aussi. Mais seules les victoires sont collectives en ce que bien souvent elles s’inscrivent dans un processus temporel qui dépasse le simple passage que nous représentons. La roue qui tourne. Et seule cette dynamique collective fournit l’énergie continue d’un bonheur perpétuel.

Alors si la page Afghane se tourne désormais, les plages d’Harper s’offrent chaque matin à mon regard, et sont une perpétuelle invitation à la solitude. L’Afrique est là qui veille, s’offrant à qui apprend humblement l’agilité du cœur. Et si les habitants de cette ville ne suffisaient pas totalement à créer le plus émouvant écrin d’humanité, la nature sauvage et grandiloquente y parviendrait.

Amitiés africaines

Vincent