Tuesday, July 14, 2009

Un ordinateur en moins...
Quelques années de back-up perdues
Plus de papiers...
L'Afrique... plus rien
Un nomade qui se reconnecte
You tube et U2 au stade de France
Et voila


A tout bientot
Vincent

fin du 8eme mois au Zimbabwe

Saturday, May 23, 2009

World View...













La relation à notre propre mort oscille au long cours de notre existence comme le balancier d’un métronome fixé à son socle, aussi puissamment qu’est ancré en nous l’instinct de vie.

Et la mort a soufflé. Bien des fois. Laissant à chaque fois, l’empreinte d’un outil invisible qui sculpte l’âme en devenir. Mon âme. Et comment ne pas voir dans la mort, l’inévitable couperet d’une machine manichéenne qui décide l’avec ou sans souffrance, le juste ou l’injuste, accompagné ou seul, aimé ou haït. Car c’est soi même qu’on regarde quand ce vent là souffle et fige les visages.

Au fil de ma vie, je crois avoir touché de prêt ou de plus loin l’ensemble de ces paradigmes et des souffrances ou des joies qu’elle véhicule. Je le croyais.

Un après midi, au hasard d’une déambulation dans les délires rocheux du Parc National de Matopos décidée en hâte pour jouir d’une clarté solaire opportune, le souffle de Cécile John Rhodes illumina mon âme. La vie de cet homme fut pétrie d’histoires et d’aventures. Il marqua de son empreinte une conquête africaine d’un autre temps, d’un autre âge, espéré apaisé. Je laisse aux historiens le travail d’analyse du temps, de l’homme et de ses compagnons d’infortune ou de félicité. Et je n’entrerai pas plus sur le terrain du mérite, ou pas, d’avoir obtenu un jour l’hébergement sur un des toits les plus somptueux de ce monde.


Car c’est ici que ce propos me porte. J’avais bien au fil de mes pérégrinations aboutit subrepticement à des sépultures perdues au bout de chemins poussiéreux ou connus pas les échos d’une renommée locale.


Comme ces mots intrigants de l’équipage du Jacquiet, gravés sur la roche d’une grotte au fin fons de la baie d’Along. Ou bien cette impression qu’à lui seul le désert des confins d’Atar ne suffirait pas à offrir à Monod une sépulture à la taille de son insatiable passion.


L’Océan Atlantique n’accueillit-il pas Colas et Tabarly?


Certains se voient récompenser d’un séjour éternel à l’auberge posthume d’un Panthéon national. D’autres ne lèguent pour trace sur terre qu’un enclos perdu dans l’amnésie collective ou suspendu à une passion d’initiés et de familiers.


Mais combien sont eux dont la folie amoureuse, fraternelle ou amicale ont motivé les esprit et dépassée les corps pour aller donner à l’être cher l’ultime repos d’un écrin inaccessible? Et c’est presque une envie que je ressens, une jalousie que je repousse tant cette circonférence de paysages du parc de Matopos, offre l’absolu d’une nature éternelle. Ces immenses blocs de pierre, posés comme un jeu de boules ou de quilles par la main d’un géant sorti tout droit d’une légende Ndébélée, baignés d’une lumière adoucie par une déclinaison grandissante, marquent les colonnes d’un temple imaginé car impossible à construire.


C’est juste à cette sérénité qu’ici bas on aspire. Comment ne pourrait-on pas initier un pardon en descendant de cette colline afin de rendre à chacun la liberté de son lien identitaire?


Et comment ne pas faire silence.


Amitiés


Fin du 6éme mois au Zimbabwe.

Friday, January 02, 2009

Horizons

Quelques jours après l’appontement sur les quais de Seine à Paris de la goélette Tara (www.taraexpeditions.org), revenue de son périple de 5OO jours en arctique, c’est à mon tour de larguer les amarres. Loin des latitudes boréales, ce sont des destinées australes qui me sont cette fois assignées. Si ne remontaient en moi le souvenir des escales de Bernard Moitessier à Cape Town, les survols du Kalahari en avion dans le film d’Eric Valli, les comptoirs portugais de Beira ouverts par Vasco de Gama ou le fabuleux delta de l’Okavango au Botswana, j’irais presque désormais à Harare comme on va partout ailleurs dans ce monde devenu si petit, si global, si miséreux et génial à la fois.

Chacune des fois que j’ai déposé mes bagages dans un nouveau pays, une multitudes de richesses, de primeurs, de surprises ont envahi avec éclat et parfois non sans violence autant mes sens que mon éveil. Et pourtant. Peut être ai je perdu au fil du temps un peu de cette capacité à me laisser gagner et surprendre. Au détour de ce renouveau d’écriture, c’est cependant une profonde sensation que j’aimerais ici faire partager. Celle d’un étonnement candide à découvrir une contrée dont je n’avais que peu entendu parler, sauf à travers quelques soubresauts d’actualité souvent fortement partisane, tronquée et certainement parcellaire.

Ici on ne pose pas la question de savoir d’ou l’on vient à celui qu’on penserait étranger de par son morphotype, car qu’ils soient d’origine indienne, gujarati, irlandaise, danoise, française, anglaise ou grecque, tous ou presque sont Zimbabwéen de nationalité, depuis des générations. L’immense richesse passée et présente de ce pays à bien des égards, et nullement limitée à une richesse productive mais également artistique, linguistique et géopolitique, a contribué à des mouvements migratoires qui ont inscrit un melting-pot à chacun des échelons de la pyramide sociale. Et sans conteste, c’est de cette intelligence collective à savoir vivre ensemble que sont issus cet urbanisme remarquable, cet architecture diversifiée et humaine, ces fonctions régaliennes de l’état, cette éducation omniprésente et un sens artistique créatif et touchant.

A quelques encablures du pont des Invalides, sur les pontons improvisés d’une énième exposition profilant les cris alarmistes d’une nature qui se meurt, les équipiers de Tara scrutent hagards le flot de visiteurs et semblent ivres de tant d’information soudaine alors que, dans le même temps, leurs homologues du Vendée Globe se réjouissent d’une solitude opportune, trouvée dés les coups de canon du départ. Il en va ainsi des viveurs de vies nomades…

Bulawayo est la seconde ville du Zimbabwe située dans le sud, à quelques heures de route du Botswana et de l’Afrique du Sud, et les chutes Victoria, les parcs nationaux de Hwange ou de Matopos, les ruines du Great Zimbabwe fixent au curieux la teneur du décor. Il y aurait tant à dire sur ce pays et tant a déjà été écrit que je ne m’étendrai pas et laisserai cet exercice à ceux qui n’ont pas de devoir de réserve et qui sauront susciter votre curiosité mieux que moi. On ne peut qu’être ému par ce pays et ceux qui y vivent. Et ce que le Zimbabwe est aujourd’hui, je laisse aux Zimbabwéens le soin d’y porter leurs regards.

L’impression la plus frappante, la plus enivrante fut pour l’instant celle de conduire en brousse sous ce ciel bleu et cotonneux à la fois, marquant les violences orageuses des saisons des pluies. Les nuages blancs, en forme d’enclume, s’élèvent à dix ou douze mille pieds d’altitude, parfois plus haut encore et vident leur grisaille au rythme unique et symphonique d’éclairs et de coups de tonnerre magistraux. Ce ciel et ce paysage, qui s’étirent à perte de vue, procurent une sensation d’immensité et de grandiloquence dont j’imagine les équipiers de Tara se sont émus à chaque jour qui naissait en Arctique.

Au fur et à mesure des mes recherches, j’ai trouvé aux alentours quelques points d’altitude desquels je vais parfois regardé le coucher du soleil. J’ai finalement découvert les latitudes ou cet astre paraît immense lorsqu’il touche la ligne d’horizon, comme une fin un peu simpliste d’un cinéma du monde.

Je réalise au gré de mes rencontres qu’à nouveau c’est l’histoire des hommes qu’il serait judicieux de raconter. Non pas celle collective comme la vulgarisent si bien les scientifiques de Tara pour nous sensibiliser sur les enjeux climatiques et leurs interactions sociétales. Non, plutôt celle de ces personnages dont la vie à elle seule force à l’écoute, au respect tellement les horizons sont lointains, les déboires profonds, les succès justes, la fatalité résignée et le plaisir présent. Je n’ai pas achevé cet exercice d’écoute de ce jeune migrant en Mauritanie sur les routes depuis 2 ans, de cette vieille femme se Saigon accroupie devant son palanquin qui murmurait quelques mots de français, de cet employé agricole depuis toujours dans les cultures de thé de Mutare et désormais perdu en lui même, de cet allemand fou subrepticement rencontré à Harper, parcourant le monde sans savoir pourquoi.

Je crois profondément que tous, nomades que nous sommes devenus avec nos outils nomades, aurions à gagner à tendre l’oreille et écarquiller les yeux.

Fin du premier mois au Zimbabwe.
Vincent
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