Jadis, vivait un couple de pauvres pêcheurs. Un jour, le mari partit au large avec ses compagnons. Par malheur, un terrible typhon se leva au moment où les hommes jetèrent leur filet. Personne n'échappa à la catastrophe. La mauvaise nouvelle arriva au village : toutes les familles de pêcheurs en furent cruellement touchées. Les pleurs gagnaient tous les foyers. Quant à la femme, elle ressentit une douleur particulièrement vive. Comme une folle, elle quitta la maison espérant retrouver son mari. Longeant la côte, elle marchait, marchait toujours. Deux jours plus tard, elle arriva devant une haute montagne. Elle l'escalada, puis épuisée, elle s'endormit au pied d'un arbre.
Tout à coup, éclata un bruit assourdissant qui réveilla la femme en sursaut. Elle vit, debout devant elle, un vieillard blanc de cheveux et de barbe qui lui demanda : « qui est tu donc ? Comment oses-tu coucher devant ma demeure ? » La femme répondit en pleurant « je suis à la recherche de mon mari. Je vous prie de me donner de ses nouvelles, car je désespère de le retrouver. » Le vieillard poursuivit : « je suis le Génie des arbres. Ta fidélité envers ton mari me touche. Sache que ton mari est encore vivant, il se traîne sur une île. » Il tendit ensuite à la femme une perle et lui dit : « mets cette perle dans ta bouche et tu pourras voler par dessus la mer pour rejoindre ton mari. Mais n'oublie pas de fermer la bouche et les yeux, car si tu laissais échapper la perle, ta vie serait en danger ! »
Après ces recommandations, le vieillard disparut. La femme mit la perle dans sa bouche et ferma les yeux. Immédiatement, le vent se leva. Elle se sentit légère et entendit le vent souffler à ces oreilles. Quelques instants plus tard, elle sentit ses pieds toucher le sol. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle se trouvait déjà sur la grève et le vent s'était apaisé. Elle fut heureuse de retrouver son mari accroupi non loin de là. Les deux époux causèrent tendrement, puis parlèrent de retour au village.
Pour retraverser la mer, l'homme tenait sa femme par la taille. La femme était tellement heureuse qu'elle oublia les recommandations du génie et avec la perle dans la bouche elle continua à bavarder. Subitement, la perle jaillit de sa bouche et la femme eut seulement le temps de pousser un cri. Les deux époux furent précipités dans la mer. Ils se changèrent ensuite en limules.
Aujourd'hui, les limules nagent souvent par couples, le mâle tenant toujours la femelle par la taille, comme le fit jadis l'homme, quand il vola par dessus la mer avec sa femme.
De nos jours, on a gardé de cette légende le dicton suivant : « s'aimer comme les limules ».
Nguyen Dong Chi
Vu d'ici, comme très certainement d?ailleurs, la petite planète a été fort bruyante, ces derniers temps. Qu'ils soient instituteurs, ou cheminots, fonctionnaires ou salariés du secteur automobile, les cris ont à nouveau déchirés le doux ronron de nos cités, comme si l?hiver arrivant cela pouvait réchauffer les âmes. Qu?ils soient sidéens ou bien affamés, leurs silences ont eux aussi déchiré les douces comptines de Noël qui arrivent encore et toujours. Qu'ils soient de Galice, ou du Kenya, de Moscou ou de Coté d'Ivoire, ont aurait tant aimé que ces cris n'existent pas. Alors, pour fêter la fin de ce troisième mois au Vietnam marqué par quelques visites monastiques, je me suis dit qu'un peu de silence, de vent et de fluidité seraient les bienvenus. Silence d'un transport sans souffle, ni rythmique, sans fatigue ni mouvement, juste un peu d'imagination. Silence des limules qui hélas disparaissent lentement, sans cris, en silence?
Ps : Merci encore à tous pour vos petites missives et vos petits colis. C'est juste génial.
Amitiés et grosse bise à toutes et tous
Vinh' Balloon