La vie à bord du sampan (Y. Schultz)
Vie active des sampaniers. Toujours les muscles tendus comme des amarres et les doigts en travail ! En plus de la pêche, c’est l ‘écopage du bateau avec deux coquilles de limules liées par des nœuds de joncs ; le calfatage des joints est minutieusement fait avec de la résine ou de l’écorce d’arbre, en guise d’étoupe trop chère. Enfin, ils peignent mutuellement leurs longs cheveux, car beaucoup de pêcheurs portent encore le chignon et Tho est fier du sien.
Lien, seule femme à bord, a grande besogne chaque jour.
Certes un sampan est un bien petit domaine pour une ménagère mais la cuisson du riz est longue et difficile. Lien y excelle. Dés le matin, accroupie entre les deux roufs, dans un espace grand comme une palme ou tiennent le fourneau, la jarre d’eau douce et des caisses, Lien accroupie, active son feu avec un éventail. On ne dira pas d’elle comme de la plupart des jeunes mariées sans expérience, qu’en dépit d’une bonne marmite, la moitié du riz est crue et l’autre brûlée. Il faut aussi rôtir des espèces d’anchois entre deux lattes de bois de bô, faire sécher sur le toit des roufs des poissons plats et blanc qui, de loin, ont l’air d’un vol de mouettes posées.
On lui apprend à fabriquer de la lignette et de fines cordes de soie pour certaines lignes et, comme elle fait tout habilement, le vieux Thô (le vieux Thô est le beau père de Lien) déclare avec attendrissement « qu’elle a la main fleurie ».
Lien aux jolis doigts, jadis de pourpre et toujours un peu doré par les papiers votifs (avant son mariage, Lien habitait chez son oncle, fabricants d’objets votifs, et l’aidait dans son négoce), a maintenant les ongles bruns, car elle coupe souvent en morceaux une espèce de grosse citrouille rosâtre qui sert à teindre les filets en marron. Point lui soucie. A bord, tout l’intéresse. Cette existence maritime et aventureuse lui plaît.
Ly Dong Than (Mat Gioi)
Pacifique chercheur des subtils problèmes,
Ly Dong Than est assis au seuil de sa maison,
Dans les senteurs de l’air, parmi les chrysanthèmes,
Qu’à son toit le soleil pend en toute saison.
Son esprit connaît, des négateurs extrêmes,
Ni l’orgueilleux plaisir, ni le mortel poison,
Le livre où Laotseu parle de la raison
Lui tient lieu de vertu, de règles et de systèmes.
Il aime seulement son jardin parfumé
Où le cache au regard un rideau de platanes.
Il connaît le silence ; il sait que les arcanes
Veulent la solitude ; et quand il a fumé,
Fier d’être sans désir, heureux d’être sans gloire,
Sa main à l’ongle long, du geste accoutumé,
Prend la tasse de jade, ou le pinceau d’ivoire.
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Fin du onzième mois au Vietnam et début de l’avant dernier….
Bonnes vacances et je vous embrasse.
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