Les contrastes, le retour !
Ne compter pas sur moi, à l’occasion de cette missive mensuelle qui vous est désormais familière, pour vous contraindre à la lecture d’une énième lettre à Monsieur Bush ou à Saddam, de vous saper le moral au moyen d’une analyse de la situation Onusienne, d’un inventaire des playmobiles de Kim Jung Hill, ou de faire cyniquement le constat de l’ultime acuité des analyses de nos politiciens ou des foules de par le monde.
Je dois dire que je ne m’attendais pas à ressentir, sans une once une culpabilité, ce doux sentiment que plus je vieillis et moins j’ai de certitudes et fini même par me demander si ces certitudes ont été remplacées par un soupçon de sérénité - à défaut de sagesse - ou par un cynisme opportun!
Je n’ai hélas pas, et le regrette vous vous en doutez, des talents de guignols, de fanfarons de troubadours (ni même l’âne qui va avec) pour colporter un peu de légèreté instantanée, et vous coller si besoin est des sourires béas.
Alors, comme j’imagine chacun d’entre nous, j’essaie de tracer un sillon pour m’y glisser et faire en sorte qu’il en sorte un peu de positivisme malgré tout. Je ne crois pas qu’il faille culpabiliser à se protéger autant que faire ce peut des atteintes sur soi qu’engendrent ces évènements. Alors laissons certains creuser des tranchées, espérer que d’autres puissent s’y réfugier et creusons chacun notre petit sillon.
J’ai donc commencé mon hibernation de cet hiver planétaire qui pour une fois semble ne pas prendre les couleurs et les douceurs habituelles des saisons occidentales.
Et là encore, il fait plutôt bon sous les latitudes sous lesquelles je vis. J’ai commencé par mettre un peu de ciel bleu et de vert de rizières dans mes journées. Imaginez… Sur une petite moto, circulant tant bien que mal sur de petits chemins de terre entre deux rizières, offrant une palette de verts dans tous ses états, dans lesquelles pataugent quelques femmes protégées du soleil par leur chapeau conique, sous le regard assez indescriptible de quelques buffles noirs, au fond les montagnes du Cambodge affleurant au loin. De là, je n’ai entraperçu l’ombre d’un conflit, d’une épidémie de pneumonie, d’une tension. Tout n’y est que tradition, lenteur, douceur et sourire.
J’y est presque l’impression en y portant ma Croix (la rouge bien sur) que l’on me souriait de l’air de dire : tu t’es perdu petit scarabée, quand le grand serpent en colère crache du feu, tu te dois d’en sentir la chaleur !
Et au détour d’une lecture, je trouve :
« Mais d’abord, qu’est ce que l’Orient ? En principe, une simple expression géographique ; en fait une conception brutale qui scinde l’humanité en deux tronçons, et qui remplace à ce titre la vieille notion hellénique des Barbares. Elle exprime, dans sa rudesse symbolique, l’orgueil satisfait de l’Occident en présence d’un monde entier qu’il englobe dans le même mépris » Sylvain Lévi, 1911.
Fin du 7éme mois au Vietnam. Ici, tout va toujours très bien et j’aime toujours à me rapprocher de cet Orient.
Je vous embrasse
Vincent
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