Au loin, perçant la couverture de nuages blancs, défilent les cimes éternellement enneigées du Cachemire, étincelantes sous les lumières d’un soleil, à cette altitude perpétuel. A la façon d’un Gulliver, je fais ce matin un pas de géant entre deux parties de cette Asie qui n’en finit pas de violer mes sens, m’autorisant même à flirter avec le bonheur du voyage.
Le voyage a ses icônes : la rose des vents, le carnet et son stylo, les tropiques, le tampon d’un passeport, les images jaunies d’un autre temps, les points cardinaux, les hémisphères. Et je redécouvre à nouveau ce monde immense qui se cache derrière un visa éphémère.
Merci à toi, mon ami Tèje, le voyageur, pour avoir bien voulu me prendre par la main pour faire que ces premiers pas au pays de Gandy soit une ballade dont la richesse a apaisé l’ensemble des frustrations que l’on peu connaître ici, à Kaboul.
Il y a sans conteste des différences fondamentales entre le touriste et le voyageur. Non pas qu’un mode de vie domine l’autre ou ait plus de noblesse, non. Les parcours sont différents, les appréhensions le sont également, les tempos du temps qui bercent le touriste et le voyageur ne sont juste pas ceux d’une même musique.
Se perdre dans le vieux New Delhi, au hasard des ruelles étroites, jouer des contrastes, ne voir les choses qu’avec parcimonie parce qu’on a le temps d’y revenir. Le temps dans cette ville se construit comme le travelling d’un cinéaste qui n’aurait ni début ni fin. Pas même les limites d’un jour rythmé des mouvements solaires. Chaque segment de trottoir, chaque carrefour, chaque entrée de maison sur lequel mon œil s’est fixé furent animés du passage incessant de personnages colorés, de regards envolés. La vie est dans la rue, la rue est la vie. Et c’est des senteurs que j’hume, des ombres qui se faufilent, des cris et des paroles qui animent la vie de la rue que j’arrive humblement à entrapercevoir le rythme fondamental et premier des habitants de New Delhi.
Dans le temple d’Hauz Kaz, de jeunes couples volent aux carcans socio-éducatifs et autres traditions le droit de se tenir par la main. Le palefrenier de Deshbandhu Gupta road brosse ses attelages de chevaux blancs qui seront utilisés pour transporter les mariés du week end. Au nord du quartier de Sadar, quelques habitants ont élus domicile dans un cimetière, les enfants y rient, les vieux y boivent le thé et même les différences linguistiques disparaissent derrière les sourires échangés. Moments choisis d’une déambulation de dandy voyageurs qui valent tout autant un magnifique film de Bollywood, une après midi de shopping à Connaught place, un Gin Tonic à L’impérial ou un voyage dans le temps au National Muséum. Contrastes. Essais. Peut être.
Les yeux noyés d’images, l’esprit ivre de questions sans réponse, ces éléments fusionnent en moi dans une sérénité nouvelle. Rien ne sert de courir ici car c’est la position stoïque et contemplative qui fait sens. Un séjour se raconte, pas un voyage. N’est ce pas pour cela que les Moitessier, Loti, de Monfreid et autre Bouvier ont généré chacun une génération de voyageurs?
New Delhi a les scintillements d’une porte décorée, dont le foisonnement des couleurs me laissent perplexe sur la capacité humaine un jour à en trouver de nouvelles. Et pousser cette porte, c’est sûrement laisser ce pays et ses habitants arborer les parures d’une histoire ancestrale et s’y laisser conquérir. Puissent les hommes savoir assembler leurs différences comme seules les odeurs et les couleurs savent le faire pour vivre ensemble.
Et c’est sûrement là, derrière cette porte que se rejoignent le touriste et le voyageur : ils sont mus d’une quête différente mais, cependant, tout deux ne peuvent que lever la tête vers le ciel, à la façon d’un enfant qui regarde le ciel, et constater l’immensité du monde. C’est pour cela qu’il faut une autre vie.
Fin du deuxième mois à Kaboul, Afghanistan. Tout va bien.
Amitiés
Vincent
Ps : photos disponibles sur les clichés du Balloon
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2 comments:
Cher Vincent, j'avais toujours l'adresse de ton blog sen raccourci sur mon bureau. Ce blog, figé depuis des longs mois. Avant de l'effacer, j'ai tenté une connection et là bravo, ce que tu écris est superbe.
Ici, la vie va au rythme d'un mois de ramadan et de pré campagne électorale.
Le CTA va bien et Abdou est en Chine.
A+
Jérôme
BON DEPART
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