Wednesday, February 11, 2004

Un verre de thé ?

A toutes et tous,

Ce mois ci j’avais envie de vous parler du projet. Non, pas celui sur lequel je travaille mais de ce qui, finalement, doit naître un peu en chacun de nous pour souffler un vent de volonté dans les voiles de nos actions.

Lors d’une vacation radio récente entre deux navigateurs qui font le tour de la terre dans un sens opposé et sur des embarcations radicalement différentes, chacun affirmait ne vouloir pour rien au monde être à la place de l’autre, susceptible d’endurer de pires conditions de vents et de mer. Après un certain silence, l’un d’entre eux presque honteux de lancer un truisme sur des ondes précieuses, concluait «qu ‘être en phase avec son projet, c’est sans doute cela la définition du bonheur».

Et là je me suis mis à penser à chacun d’entre vous, à vous imaginer dans vos projets respectifs et bien réels, de mariage, de naissance, d’achat de maison, de voyage au Vietnam, de peinture, de création d’entreprise, d’examens, de tour du monde, d’anneau aortique, de site Internet, de romans, de scénarii, de changement de vie; et pourquoi pas ? Et combien d’autres encore ?

Chacune de ces initiatives porte en elle un pas supplémentaire vers une certaine connaissance de nous même et d’autrui. Elles alimentent inexorablement l’envie que nous avons de nous suivre les uns les autres dans ces expériences et de se sentir plus riches car mieux armés de la capitalisation de toutes ces tranches de vie. Chacun de ses projets porte en lui l’admiration et le partage.

Et j’ai bien peu modestement la douce impression que peu importe le lieu ou pour ma part je plante le campement de mon projet, vous y êtes de toutes et tous de passage, comme « des moments les plus intenses ».

« Pendant les heures chaudes de la journée, alors que la brume à l’horizon semble se confondre avec les songes, la vie au campement est ralentie. Les jeux, les discussions et le thé occupent une grande place entre les instants de sommeil, les repas et les prières. Les jeux variés et souvent complexes, exécutés à même le sable avec des bâtonnets et des crottes de chameau, ont sans doute été conçus pour répondre à l’ennui, quand la chaleur impose une certaine inactivité. Les moments les plus intenses interviennent lorsque le campement reçoit une visite. L’étranger est accueilli par des salutations rituelles et se voit offrir une calebasse de lait coupé avec de l’eau et du sucre pour le rafraîchir, le zrig, puis les trois verres de thé. La règle tacite permettra au visiteur de rester au campement pendant trois jours, « jusqu’à ce que le sel de l’hospitalité soit sorti de son ventre ». Cette hospitalité présente dans le désert un caractère vital car elles permet aux hommes et aux femmes de partager aussi des informations sur le temps, les pâturages ou les mouvements de campements. Avec le soir, les chamelles retournent vers les tentes et l’on boit du lait en savourant la douceur de l’air. La nuit tombe, envahie peu à peu par un ciel criblé d’étoiles jusqu’à l’horizon. »
(Extrait de Entre Sahara et Atlantique, le Parc National du Banc d’Arguin ) Pierre Camprebon.

Amitiés