Friday, August 15, 2003

Xin Chao, Cam on...

Salut mes amis

Voici la dernière missive qui clôture douze mois de présence au Vietnam. Je ne coucherai pas sur le papier des confidences impudiques et un bilan précoce de ce que fut ma vie ici. Encore au volant de ma moto locale, dans les rues enfumées par les barbecues, dans le chaos de la circulation, sous les pluies chaudes et drues des orages de la mousson, je ne crois pas que ce soit le moment de tirer quelque leçon que ce soit.

Je crois que tout de même que nous avons fait avec l’équipe du bon travail. Il m’a, en tout cas, donné l’envie de pousser plus loin, de continuer. Le travail humanitaire n’est pas sans écueils mais en est il un qui soit sans ? En tout cas je pars avec la certitude que cette dynamique doit se poursuivre.

J’imagine que nous aurons le temps de discuter de cela dans les prochains mois. Et la perspective heureuse de vous revoir n’est pas sans donner un coté positif et attrayant (le seul ?) à ce retour en France…

Si je n’avais de crainte que la lecture en soit laborieuse, j’aurais tant aimé remercier nominativement tous ceux qui ont fait de cette année une richesse d’échanges, de partage et j’espère de plaisirs réciproques. De la petite vendeuse de cafés installée sur le trottoir devant le bureau, aux vendeuses du marché Ben Than, de mes camarades de jeux, Phuong, Laurent, Yen, Ngoc, Thach, Maï Do, Xuan, Chloé, Sabine - et les autres - à tous les vietnamiens qui ont ensoleillé mes journées de leurs sourires naturels ; sans oublié ceux hélas déjà perdus de vue, ou que je n’ai su voir plus souvent, ni ceux qui ont eu l’occasion de mettre une pierre de plus à notre amitié en passant me voir ici.

A travers le Juda d’une information parcellaire, j’entrevoie un peu de ce qui va être un quotidien dans quelques temps, et vous comprendrez bien aisément que j’essaye de prendre ici les dernières mesures d’une ascension de plaisir.

Je vous embrasse tous et toutes et vous souhaite une bonne rentrée. Puisse au moins le genre humain faire qu’elle ne sois pas caniculaire !

Fin du douzième mois au Vietnam.

Saturday, August 02, 2003

Descriptions colorées et rimes d'Asie

La vie à bord du sampan (Y. Schultz)

Vie active des sampaniers. Toujours les muscles tendus comme des amarres et les doigts en travail ! En plus de la pêche, c’est l ‘écopage du bateau avec deux coquilles de limules liées par des nœuds de joncs ; le calfatage des joints est minutieusement fait avec de la résine ou de l’écorce d’arbre, en guise d’étoupe trop chère. Enfin, ils peignent mutuellement leurs longs cheveux, car beaucoup de pêcheurs portent encore le chignon et Tho est fier du sien.

Lien, seule femme à bord, a grande besogne chaque jour.

Certes un sampan est un bien petit domaine pour une ménagère mais la cuisson du riz est longue et difficile. Lien y excelle. Dés le matin, accroupie entre les deux roufs, dans un espace grand comme une palme ou tiennent le fourneau, la jarre d’eau douce et des caisses, Lien accroupie, active son feu avec un éventail. On ne dira pas d’elle comme de la plupart des jeunes mariées sans expérience, qu’en dépit d’une bonne marmite, la moitié du riz est crue et l’autre brûlée. Il faut aussi rôtir des espèces d’anchois entre deux lattes de bois de bô, faire sécher sur le toit des roufs des poissons plats et blanc qui, de loin, ont l’air d’un vol de mouettes posées.

On lui apprend à fabriquer de la lignette et de fines cordes de soie pour certaines lignes et, comme elle fait tout habilement, le vieux Thô (le vieux Thô est le beau père de Lien) déclare avec attendrissement « qu’elle a la main fleurie ».

Lien aux jolis doigts, jadis de pourpre et toujours un peu doré par les papiers votifs (avant son mariage, Lien habitait chez son oncle, fabricants d’objets votifs, et l’aidait dans son négoce), a maintenant les ongles bruns, car elle coupe souvent en morceaux une espèce de grosse citrouille rosâtre qui sert à teindre les filets en marron. Point lui soucie. A bord, tout l’intéresse. Cette existence maritime et aventureuse lui plaît.

Ly Dong Than (Mat Gioi)

Pacifique chercheur des subtils problèmes,
Ly Dong Than est assis au seuil de sa maison,
Dans les senteurs de l’air, parmi les chrysanthèmes,
Qu’à son toit le soleil pend en toute saison.

Son esprit connaît, des négateurs extrêmes,
Ni l’orgueilleux plaisir, ni le mortel poison,
Le livre où Laotseu parle de la raison
Lui tient lieu de vertu, de règles et de systèmes.

Il aime seulement son jardin parfumé

Où le cache au regard un rideau de platanes.
Il connaît le silence ; il sait que les arcanes
Veulent la solitude ; et quand il a fumé,

Fier d’être sans désir, heureux d’être sans gloire,
Sa main à l’ongle long, du geste accoutumé,
Prend la tasse de jade, ou le pinceau d’ivoire.

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Fin du onzième mois au Vietnam et début de l’avant dernier….

Bonnes vacances et je vous embrasse.